Berceau de l’humanité, l’Éthiopie est aussi le lieu de naissance du café où il y poussait à l’état sauvage. On ignore en revanche à quand remonte son apparition : les premiers écrits attestant de son existence datent du Xe siècle, mais ses origines se perdent dans la nuit des temps.
Il fut d’abord consommé comme aliment reconstituant par les paysans africains (la pulpe de la cerise était écrasée et mélangée à de la graisse pour former de petites galettes).
Né en Abyssinie, c’est au Yémen que le café va connaître un réel essor. Si, selon de récentes découvertes archéologiques, il y fut cultivé dès le XIIe siècle, ce n’est qu’au cours du XVe qu’il devient une boisson très prisée des Yéménites. Les soufis en particulier apprécient ses vertus énergisantes, qui leur permettent de rester éveillés durant les pratiques religieuses nocturnes.
L’usage s’étend ensuite à la ville sainte de La Mecque, avant de conquérir l’Égypte, la Syrie, la Perse et la Turquie. En 1554 à Constantinople, s’ouvrent les premières maisons de café.
En un siècle, le petit grain séduit tout le Moyen Orient!
Lithographie de Develly (19ieme siècle) : Soliman Aga fait servir le café à Versailles par ses esclaves noirs. Il faut attendre le XVIIe siècle pour que l’Europe découvre les plaisirs de l’exotique boisson et que la péninsule arabique perde le monopole de la culture du café. Dès 1616, le jardin botanique d’Amsterdam dispose de pieds de caféiers qui seront implantés en 1658 à Ceylan puis à la fin du siècle à Java.
En France, c’est en 1669, que l’ambassadeur de Mahomet V, Soliman Aga, introduit la boisson à la cour du roi Louis XIV où les moeurs Turcs sont en vogue. D’abord réservé à la haute société, le café diffuse peu à peu dans les salons. “LE PROCOPE”, premier débit de café Parisien, est inauguré en 1686. Dès lors la consommation ne cesse de croître, et face à la réussite des planteurs Hollandais, la France envisage de produire du café dans ses îles d’Orient et d’Amérique. En 1715, des plants du Yémen sont introduits dans l’île Bourbon, future Réunion. Les premières exportations commencent en 1726 et prennent fin en 1850 (en raison de cyclones répétés et de l’expansion de la culture de la canne à sucre).
Portrait du Chevalier Gabriel de Clieu (vers 1750).
C’est aux Antilles que la France va durablement faire prospérer le café. En 1720, le chevalier Gabriel de Clieu transplante à la Martinique (au terme d’une traversée agitée) un pied de caféier issu d’un arbuste offert en 1714 par le maire d’Amsterdam au Roi Louis XIV. Les plantations s’étendent bientôt à la Guadeloupe, à Saint-Domingue et à la Dominique. En 1780, la France devient le premier producteur mondial de café.
Parallèlement, les plantations hollandaises (en Indonésie), portugaises (au Brésil), anglaises (en Jamaïque) et espagnoles (en Colombie, Amérique Centrale et aux Philippines), se développent.
Rappelons que les esclaves payeront un lourd tribu à l’expansion du café dans le monde : les puissances coloniales utilisaient cette main-d’oeuvre corvéable à merci, pour défricher de nouvelles terres et exploiter les plantations dans des conditions le plus souvent inhumaines. Il faudra attendre, les indépendances latino-américaines, pour que s’ouvre une nouvelle phase dans la production et la commercialisation du café.
En dépit des controverses qu’il suscitera, l’engouement pour le breuvage parfumé ne se démentira plus : un grand tiers de la population mondiale boit du café, et c’est, en France, la deuxième boisson consommée après l’eau. A n’en pas douter, après avoir conquis en moins de quatre siècles l’ensemble de la planète, les effluves prometteuses du “petit noir”, embaumeront longtemps encore nos heures gourmandes et nos moments détente…